Le montage préféré de tes influenceurs préférés

Publié le 29 mars 2024 · Mis à jour le 31 juillet 2024 · 4 minutes de lecture

Basti Ui et Benjamin Code on fait le choix de la SASU après avoir atteint les limites de la micro-entreprise. Quelles limites ? Et pourquoi la SASU ? Je décrypte.

Contexte

C'est dans "J'arrête le Freelance" que Basti Ui et dans "La meilleure structure légale pour votre projet en 2024" que Benjamin Code nous parle de leur parcours.

Même si ils sont très transparents sur leur situation, je n'ai pas tous les détails et je suis obligé de faire quelques suppositions dans cet article.

C'est pas très grave, dans le fond l'essentiel c'est de comprendre les motivations.

Les limites de la micro-entreprise

Basti Ui et Benjamin Code ont tous les deux commencé en micro-entreprise, un statut très avantageux pour les freelances avec peu de charges :

  1. L'Urssaf prélève 23,1% de cotisations sociales sur le chiffre d'affaires, contre autour de 31% en EURL et 44% en SASU (même si le calcul est un peu différent).
  2. L'impôt sur le revenu est calculé après une réduction de 34% pour couvrir des charges quasi inexistantes.

Autrement dit, la micro-entreprise permet au freelance de se mettre une plus grande part de son chiffre d'affaires dans la poche.

Si tu as peu de charges !

Mais entre leurs monteurs, leur agent et tout le reste, nos influenceurs préférés expliquent que c'était de moins en moins leur cas.

Surtout qu'il y a un poste de dépense important auquel personne n'échappe et qui grignote une part de l'abattement : les cotisations sociales.

C'est un taux qui varie selon l'activité et qu'il faut déduire de l'abattement pour mesurer ce qu'il en reste pour tes autres dépenses, soit 34% - 23,1% = 10,9%.

Ce qui signifie que tes charges sont couvertes par l'abattement tant que tu ne dépenses pas plus de 10,9% de ton chiffre d'affaires.

Utilise ce simulateur pour te faire une idée de ce que ça représente 👇

Abattement forfaitaire de la micro-entreprise

Compare le montant de tes charges réelles aux charges déduites par l'abattement.

11 550

cotisations sociales

5 000

charges réelles

16 550

charges totales

Tes charges sont couvertes par l'abattement forfaitaire.

Tu dépenses 16 550€ alors qu'elles sont couvertes à hauteur de 17 000€.

Que tes charges soient couvertes ou pas est insuffisant pour juger la pertinence de la micro-entreprise.

Ceci dit, ça ne fait pas tout et rappelle-toi que les cotisations sociales sont également moins lourdes en micro-entreprise.

Alors même si tes charges ne sont pas couvertes, l'économie en cotisations sociales peut faire de la micro-entreprise le statut le plus avantageux malgré tout.

Il faut faire une simulation plus avancée pour être fixé.

Pour Basti Ui et Benjamin Code, on va partir du principe que leurs charges étaient si lourdes qu'ils ont atteint les limites de la micro-entreprise.

Et ils décident de passer en SASU pour les déduire complètement.

La SASU et ses dividendes

Dans sa vidéo Benjamin Code parle d'une stratégie très populaire avec la SASU.

Elle consiste à se rémunérer très peu tout au long de l'année pour sortir le gros de l'argent en fin d'année, sous forme de dividendes.

L'avantage c'est qu'en SASU tu ne paies pas de cotisations sociales sur les dividendes, contrairement à l'EURL.

Ce qui permet de ne payer "que" 30% d'impôts tout compris sur les bénéfices en se versant des dividendes en SASU contre autour de 44% en EURL.

Seulement voilà, on parle ici de bénéfices après impôt sur les sociétés.

Pour avoir la chance de ne payer que 30% d'impôts sur le montant des dividendes, il faut déjà payer l'impôt sur les sociétés sur 2 tranches :

Il faut combiner les deux impôts pour se faire une image fidèle 👇

Impôts sur dividendes

Calcul le montant combiné de l'impôt sur les sociétés et la flat tax sur dividendes.

20 750

impôt sur les sociétés

23 775

flat tax sur dividendes

45%

taux impôts combinés

Le barème progressif est plus intéressant que la flat tax dans certaines situations.

On voit avec ce simulateur qu'au mieux au total tu paies 40% d'impôts mais que tu peux rapidement payer 45%, voir plus.

La clé pour que ça reste intéressant c'est de réduire les bénéfices avant impôts, ce qui correspond à nos joyeux lurons qui ont beaucoup de charges.

P.S. : je parle de 30% d'impôts sur les dividendes en SASU mais il est possible d'opter pour le barème progressif, plus intéressant dans certaines situations.

Le montage ultime ?

Naturellement, on peut se demander si Basti Ui et Benjamin Code ont fini le jeu et trouvé le montage parfait pour tous les freelances.

La réponse est non.

Déjà, on ne sait pas tout de leur situation mais je crois qu'on sera d'accord pour dire qu'elle est très différente de celle de chacun d'entre nous.

D'ailleurs, la situation de Basti Ui n'est pas celle de Benjamin Code, et inversement.

Ce n'est pas parce que la stratégie de la SASU et ses dividendes est intéressante pour eux qu'elle le sera forcément pour toi.

Notamment parce qu'elle est contraignante :

  1. Il faut pouvoir vivre avec un minimum de thunes au long de l'année.
  2. Il faut te verser une rémunération minimum pour valider tes trimestres de retraite et tes indemnités journalières (aka congés maladie), entre autres.
  3. Il faut faire attention à la taxe PUMa.

En sachant que je rappelle que se verser une rémunération en SASU coûte cher en cotisations sociales : 44% contre 31% en EURL et 23,1% en micro-entreprise.

Alors comme toujours, ne prends pas de décision hâtive après avoir lu un truc sur internet et fais-toi accompagner par un professionnel.

Il y a des chances que tu t'en tires mieux en micro-entreprise si tu as peu de charges, en SASU à l'IR pour te rémunérer un maximum ou en EURL à l'IS pour optimiser.


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